9/01/2015, RIP ma foi en l’humanité.

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Récupération, polémiques stériles, lâcheté, mort, horreur et terreur résument ces 3 derniers jours. Je suis encore confuse comme l’atteste mon précédent billet et comme le démontrera les paroles qui suivront.

Entre ceux qui réclament des moratoires sur la peine de mort (Marine Le Pen), ceux qui demandent des comptes à l’Etat (Nicolas Dupont Aignan), toute la classe politique qui se dispute sur qui peut participer à la Marche Républicaine du 11/01/2015, tous ces vautours charognards qui cherchent à se faire de la pub sur des cadavres encore tièdes (Chalghoumi et politiques), des épisodes sanglants, des gens qui crient au complot avant de s’émouvoir pour les victimes et leurs familles, mes tripes fragiles sont mises à rude épreuve.

J’ai naïvement espéré que l’action du RAID et du GIGN mettrait fin à mon calvaire. Mais hélas, ce ne fut pas le cas. La réponse du sang par le sang ne parvient pas à me soulager, au contraire, elle m’effraie. En effet, cette horreur me laisse penser qu’aujourd’hui on ne sait pas répondre aux caricatures autrement que par des coups de kalash.  Et que pour se protéger, on est obligé de faire appel à des tireurs d’élites, qui devront toujours répondre de la même manière pour la sécurité de tous. Du coup, j’ai peur. Toujours, et encore. Parce que je sais que ce n’est pas fini. La seule différence, c’est qu’on ne sait pas lorsque tombera le prochain coup d’effroi.

En attendant, la classe politique au lieu de faire preuve d’humilité, se querelle sur qui a le droit ou non de rendre hommage aux victimes. D’autres se disputent le moindre coup d’éclat dans les médias ou le bon mot. Et continue d’appeler éhontément à l’unité et au rassemblent ; le comble de la mauvaise foi alors que le pays entier est en deuil.

Non, je ne me joindrai pas à vous. Je ne marcherai pas aux côtés de ceux qui viennent des 4 coins du monde pour piétiner des cadavres fumants afin de s’octroyer de la publicité quant à leur pseudo-solidarité. Votre spectacle affligeant orchestré par les médias me retournera suffisamment les boyaux.

Puis, j’en vois qui, au lieu de s’émouvoir de cette situation, comme devrait le faire chaque être humain digne de ce nom, se lancent dans des théories complotistes fumeuses ou osent des comparaisons honteuses. Comment peut-on hiérarchiser la valeur d’une vie humaine ou l’injustice ? Comment peut-on se réjouir sincèrement d’une (fausse) fin dans le sang ? Comment ne peut-on pas pardonner à des êtres innocents de tout crime, mais coupables de n’avoir pas fait rire tout le monde (à juste titre) ?

Aujourd’hui, je parviens toutefois à éprouver de la compassion pour les victimes de Charlie Hebdo, et à les apprécier malgré tout. Parce que j’ai découvert chez eux des aspects que j’ignorais auparavant. Je me sens reconnaissante envers Allah pour avoir épargné ceux que j’aime dans ce cauchemar  en 3D. Je prie pour que ceci continue. C’est la seule chose qui fait que je me sens encore humaine, la capacité de pardonner et d’aimer mon prochain tel qu’il est. C’est la seule chose qui puisse me raccrocher à ma foi.

Mais malgré tout, j’ai peur. Pas seulement de mourir pour rien, ou de perdre ceux qui me sont chers bêtement. J’ai surtout peur de ne plus pouvoir aimer l’Autre, de ne plus savoir pardonner comme je le fais aujourd’hui. J’ai peur de ne plus savoir me raccrocher au peu d’humanité qui reste dans ce monde. De ne plus avoir la moindre foi, et enfin de ne plus pouvoir accéder à la sérénité et au bonheur auquel j’aspire comme tout le monde aujourd’hui.

J’ai aussi peur d’être épuisée de me justifier, de m’excuser toujours et encore d’être ce que je suis. De ne plus avoir assez de force pour combattre l’ignorance ou transmettre mon vécu. Peur d’être condamnée à perpétuité pour délit de « musulmanie apparente ».

Chaque meurtre, chaque amalgame et chaque jour qui se déroule dans cette ambiance délétère amenuise mes capacités à voir ce qui est beau chez l’être humain, moi qui avais pris l’habitude d’œuvrer pour m’améliorer pour la société dans laquelle je vis.

Ainsi, je m’en remets à Allah, et prie pour que continue à vivre cette lueur d’espoir  en moi, afin de ne pas basculer du côté de tout ce que je méprise au plus haut point.

Car aujourd’hui je n’espère plus rien du reste de l’humanité, si ce n’est de ne pas m’arracher le peu qu’il me reste.

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