Je me fiche de savoir si Jeannette Bougrab était le « plan cul » ou la compagne de Charb. Elle aurait été sa soeur, sa cousine, son amie ou même une connaissance, mon constat aurait été le même.
Je ne m’abaisserai pas à la traiter de mythomane ; parce que d’une part je ne la connais pas personnellement, d’autre part, même si je sais qu’elle a menti dans le passé (notamment sur son statut d’associée alors qu’elle était salariée du cabinet d’avocats où elle travaillait), je pars du principe que tout le monde peut faire des erreurs (moi la première) et évoluer ensuite.
Or, déjà son apparition médiatique le lendemain de la tuerie de Charlie Hebdo m’avait laissée perplexe ; en effet, elle semblait stoïque. Aucune larme, aucun signe de chagrin, une image et une communication parfaitement maîtrisées. Rien à voir avec les survivants du journal qui semblaient complètement rongés par la perte de leurs collègues. Bien sûr, je sais que nous ne réagissons pas tous de la même façon face au deuil, mais je n’ai pas réussi à être sensible au discours de Jeannette Bougrab.
Puis, lorsque certaines voix se sont élevées pour mettre cette relation en doute, sa réaction n’a pas été celle de quelqu’un qui venait de perdre un être cher. Elle aurait dû être indifférente à ces propos et demander qu’on la laisse faire son deuil en paix.
Au lieu de cela, elle a préféré nous offrir un pathétique spectacle à base de « la famille de Charb est intolérante » et de « je veux mourir ». En somme, un chantage au suicide pour qu’on reconnaisse son statut de compagne, apparemment plus important que la perte de la personne de Charb.
Pire, elle s’est sentie obligée de relater sa vie privée avec le défunt dessinateur dans un livre 5 mois après sa mort. Je ne comprends pas l’objectif de sa démarche. Je trouve irrespectueux de décrire des scènes dont Charb n’aurait peut-être pas apprécié, ni même validé leur publication. On ne pourra jamais le savoir.
Je trouve triste pour elle d’en arriver à ce point dans l’objectif de revenir sur le devant de la scène, car il y a d’autres moyens. En effet je ne remets pas en doute ses dires puisque je n’ai aucun moyen de les vérifier. La seule chose que je sais, c’est que lorsque l’on aime sincèrement quelqu’un, que ce soit un proche, un conjoint, un membre de sa famille, une personnalité ou même une connaissance, on n’instrumentalise pas sa mort en vue de vendre quelques exemplaires de son livre, sans même avoir pris la peine de rendre hommage à sa mémoire.
Ainsi, ce que je reproche à Jeannette Bougrab, ce n’est pas d’avoir menti au sujet de sa relation avec Charb, mais c’est de l’avoir utilisée à des fins personnelles. Voilà pourquoi je n’arrive pas à la trouver sincère.