Je me fiche de mettre la gauche au pouvoir et aux responsabilités. Pourtant, je ne me reconnais QUE dans l’idéologie et les valeurs de gauche.
Le truc, c’est que la politique, c’est d’abord une histoire d’intérêts avant d’être une histoire de symbole et de folklore. On est d’accord que les symboles forts, et une idéologie communiquée efficacement sont de merveilleux déclencheurs pour faire bouger les lignes niveau intérêts, mais la vérité c’est qu’on en est loooooin, tellement loin.
Et oui, avant de vouloir transmettre ses valeurs, il faut être en mesure de les diffuser à grande échelle et efficacement. Cela suppose de sortir de ses petits espaces sectaires où on discute tranquillou entre gens conscients et éveillés, le camp du Bien quoi. 😸
Moi, ce qui m’intéresse en tant qu’activiste sur les questions de dignité et de justice sociale, c’est pas tant de me reconnaître, me rapprocher d’une idéologie mais de défendre les intérêts des plus vulnérables, dont ceux de certains groupes sociaux, y compris les miens. (Oui, j’assume !)
Et ce qui me dérange profondément à gauche, au-delà du manque d’organisation, du déficit de mobilisation et de moyens mis dans la stratégie, c’est que :
- il y a des angles morts sur tellement de questions avec 0 alternative crédible proposée : précariat, mutations économiques, évolution du lien de subordination. Combien de fois les salariés et entrepreneurs précaires se sont sentis isolés des structures syndicales classiques parce que leurs questions spécifiques ne sont pas considérées aussi urgentes que celles des retraites et du droit du travail ? Et encore ça c’est quand on ne se fait pas taxer de « suppôt du Grand Capital »😈 parce qu’on peut pas se permettre de faire grève ou manifester
- Peu de réflexions constructives sur les enjeux sociétaux imminents : digital, tech, évolution des métiers du tertiaire et des modèles économiques, des liens sociaux etc
- quand des élus de gauche sont au pouvoir, beaucoup de spectacle, peu d’actions : mise en scène mais absentéisme & abstention dans les hémicycles sur les questions cruciales comme on a vu sur la loi séparatismes
- beaucoup de trahison et peu de loyauté : combien de fois la gauche a fait faux bond sur le droit du travail et l’islamophobie ? Suffit pas de marcher dans la rue avec son écharpe d’élu hein, voter à l’Assemblée c’est mieux.
- beaucoup trop de militants qui ne prennent pas leurs responsabilités et se laissent guider par leurs blocages psychologiques pour trouver des excuses à défaut de trouver des solutions
- il n’y a pas de réflexion stratégique sur la gestion des priorités : on va se focaliser sur des aspects techniques sans les prendre en compte de manière globale & holistique, quitte à oublier le lien social et la dignité.
- en effet, il n’y a pas de réelle force antifasciste en France, y compris à gauche, malgré le danger imminent. La rare conscience antifasciste s’exprimant à gauche est trop faible, trop peu organisée pour influencer & mobiliser massivement au sein même de son propre camp.
- et la vérité, c’est qu’on n’a pas besoin de mettre la gauche au pouvoir pour travailler efficacement et mettre son agenda politique à l’ordre du jour quelle que soit l’équipe en place : être précis & reconnu comme expert paie tellement plus sur le long terme.
En partant de là, c’est inutile de faire un scandale pour désigner le fameux candidat de la gauche dont tout le monde se fiche en dehors de nos espaces militants et réfléchir sérieusement à :
- comprendre les origines de la frustration, la colère et l’abstention
- ne pas se contenter de voter « utile » mais avec une conscience antifasciste, à défaut de pouvoir le faire par conviction
- bosser une vraie stratégie durable avec des alternatives crédibles !🌸🌼